Généralités
A l'examen de routine, la cellule épithéliale tubulaire est appelée cellule rénale. Ce terme sous-entend plusieurs types de cellules. Comme nous l'avons déjà mentionné, il est impossible de connaître avec certitude l'origine des cellules tubulaires. Schumann a décrit quelques cellules tubulaires particulières avec leur contexte clinique. Celui-ci s'attarde particulièrement sur la cellule du tubule du contourné proximal (convulted RTC2), la cellule tubulaire du collecteur (collecting duct RTC), la cellule tubulaire nécrosée (necrotic RTC) et le fragment d'épithélium tubulaire.
A l'état frais, la distinction entre certaines cellules tubulaires et les leucocytes n'est pas toujours évidente. Pour pouvoir évaluer le nombre de cellules tubulaires dans un spécimen en présence d'une leucocyturie importante, on utilise la coloration enzymatique Naphtyl AS-D Chloroacétate estérase.
La cellule tubulaire du tubule contourné proximal
Cette cellule est décrite par
Schumann comme une cellule de grande taille (20 à 60 µm) avec
un cytoplasme granuleux abondant, et une membrane cytoplasmique
floue. Le noyau est rond et excentrique. A l'état frais, cette
cellule peut facilement être confondue avec un cylindre
granuleux. La cellule tubulaire proximale est connue pour avoir
une bordure en brosse élaborée. Cette structure fragile est
construite à partir de replis de la membrane cellulaire. Dans
une situation toxique ou ischémique, la bordure en brosse est
éliminée et se retrouve dans l'urine sous forme de granules
amorphes. La cellule tubulaire proximale normale exfoliée subit
des chocs osmotiques qui font qu'il est peu probable de retrouver
cette cellule intacte avec sa bordure en brosse. Certaines
cellules mucipares de la vessie (cellules épithéliales
cylindriques) ont une couche de mucus sur le pôle urinaire qui
rappelle la cellule tubulaire du contourné proximal. Ce type de
cellule est occasionnel chez les personnes âgées.
La cellule épithéliale du tubule collecteur
Cette cellule est la cellule
tubulaire la plus fréquente du sédiment. Avec la méthode de
cytodiagnostic, Schumann rapporte comme normal une présence
inférieure à 20 cellules par 10 champs (objectif 40), tandis
qu'une valeur de 100/10 champs est un indice de dommage du
parenchyme rénal. Un décompte inférieur à 1 cellule tubulaire
par champ serait une valeur normale équivalente pour un examen
de routine.
La cellule, originalement cuboïde, est le plus souvent ronde avec un diamètre 10 à 14 µm, soit un peu plus qu'un leucocyte, et le cytoplasme est légèrement granuleux. Le noyau est rond, bien dessiné -membrane nucléaire épaisse- et est, en général, au centre de la cellule. Le cytoplasme de la cellule possède un halo périnucléaire visible à la coloration de PAP ou en contraste de phase. La cellule est exfoliée souvent en paire. La présence de cylindres de cellules tubulaires est fréquente dans les spécimens avec une augmentation de l'exfoliation. Cette situation peut aider à l'identification de la cellule isolée, car les cellules isolées et celles séquestrées dans la matrice du cylindre sont souvent du même type.
La cellule tubulaire nécrosée
La cellule tubulaire nécrosée est un élément important dans la méthode "cytodiagnostic" de Schumann. Cette cellule est décrite, avec la coloration PAP, comme une cellule fantôme qui conserve la forme et la taille d'une cellule normale avec un noyau peu coloré. Cependant le cytoplasme des cellules est granuleux.
Dans certaines conditions,
la cellule tubulaire du collecteur cortical est incapable de
résister à la faible osmolalité de l'urine qui existe à ce
niveau. L'entrée dans la cellule de l'eau de solutés et
probablement de protéines provoquent des modifications
importantes. Les cellules prennent du volume; le cytoplasme se
désorganise et devient granuleux; le noyau se condense et
devient pycnotique. L'ensemble de ces procédés aboutit, comme
dans le cas de la cellule tubulaire proximale, à une cellule
granuleuse dont les granules sont semblables à ceux retrouvés
sur les cylindres granuleux.
Dans les nécroses tubulaires aiguës ischémiques, les cellules tubulaires des tubules collecteurs et les cellules tubulaires du contourné proximal ont, en plus des caractéristiques décrites, une granulation pigmentée brune, d'origine hémoglobinurique. Cette coloration se retrouve aussi dans la granulation des cylindres granuleux.
Le fragment d'épithélium rénal
Schumann
accorde une grande valeur clinique au fragment d'épithélium
rénal. Comme lui, nous utilisons le terme de fragment
d'épithélium plutôt que le terme amas de cellules tubulaires
pour bien montrer qu'il s'agit d'une pièce de tissu et non d'une
agglutination de cellules.
Le fragment est décrit comme une structure d'au moins trois cellules tubulaires avec une cohésion intercellulaire. La distinction entre le fragment et le cylindre de cellules tubulaires n'est pas toujours facile. Cette identification se fait selon la présence ou non d'une matrice. Le fragment d'épithélium rénal doit aussi être distingué du fragment d'urothélium ce, en se basant sur l'aspect des cellules et des critères caractéristiques proposés par Schumann.
Caractéristiques du fragment d'épithélium rénal |
---|
Caractéristiques de configuration
du fragment d'épithélium rénal Attaché ou moulé par un cylindre Enrobant un cylindre Arrangement cylindrique Feuillet en nid d'abeille |
Caractéristiques additionnelles du
fragment d'épithélium rénal Pigmentation des granules intracytoplasmiques (hémoglobinurique) Enrobant des cristaux Gouttelettes lipides intracytoplasmiques Matière de cylindre intracytoplasmique |
Dans des sections histologiques, les fragments sont associés à des ruptures de la membrane basale au niveau des tubules collecteurs. La présence de fragments épithéliaux est considérée comme anormale. Les fragments d'épithélium rénal sont retrouvés dans la nécrose tubulaire aiguë, le rejet d'un greffon rénal, la papillite nécrosante et l'infarcissement rénal.
Le fragment et la cellule isolée d'épithélium cylindrique rénal
Dans
certains cas, comme dans la papillite nécrosante, on retrouve
dans le sédiment des cellules isolées et des fragments qui
viennent de la partie terminale des gros tubes (tubes de
Bellini). Ces gros tubes sont recouverts d'un épithélium
cylindrique et forment les canaux urinaires des papilles. Compte
tenu de la proximité et du fait qu'à ce niveau l'urine n'est
plus modifiée, les cellules isolées et les fragments
épithéliaux peuvent conserver leur morphologie. La cellule est
de taille moyenne (20-30 um) et nettement cylindrique, le noyau
est excentrique. La présence de quelques rares cellules de ce
type peut être considérée comme une exfoliation de
renouvellement normal. Cette cellule peut représenter une
difficulté d'identification.
Tout en étant une cellule épithéliale du rein, celle-ci est souvent rapportée comme une cellule urothéliale. Cette cellule est souvent retrouvée dans divers problèmes urologiques (calcul, obstruction, etc).